Compte rendu de l’atelier sur la philosophie québécoise
Dans ce texte, Shirin Tokhtakhunova, étudiante au collégial, propose un compte rendu de la première partie de l’atelier sur la philosophie québécoise et la recherche assistée par ordinateur qui a eu lieu à l’automne 2023. Ce billet inaugure la nouvelle catégorie Échos des travaux qui vise à rassembler les contributions qui font état des travaux effectués par le groupe de recherche.
Le 3 novembre 2023, dans l’après-midi, s’est déroulée une conférence à l’UQAM pendant la semaine thématique. Celle-ci a eu lieu en présentiel à l’université, mais a également été diffusée en ligne, permettant à un certain public de participer à distance. L’événement, organisé par Ludovic Chevalier du Collège Rosemont, en collaboration avec Jean-Guy Meunier et Jean-Claude Simard de l’UQAM, abordait le sujet de la philosophie québécoise. Cette rencontre intellectuelle a réuni Claude Panaccio, discutant de la philosophie dans les années soixante-dix et Pierre-Alexandre Fradet, explorant les thèmes du réalisme et de la métaphysique au Québec.
Dans un premier temps, Claude Panaccio focalisait son discours sur les années soixante-dix au Québec, une période marquée par la Révolution tranquille, la création du Ministère de l’Éducation et de l’UQAM. Cette époque a profondément influencé la scène philosophique, stimulant les échanges, les recherches, et l’organisation tant sur le plan institutionnel qu’intellectuel. En conséquence, un constat important a émergé : une nouvelle génération, majoritairement des trentenaires, a pris en charge le milieu philosophique. Un exemple significatif de cette observation est l’élection d’un trentenaire en tant que premier président de la Société de philosophie du Québec. Ces jeunes penseurs visaient à dynamiser les échanges entre philosophes et à renforcer les mécanismes d’évaluation académique pour élever la qualité en philosophie. Ce changement générationnel s’est également concentré sur la métaphysique, marquant ainsi une rupture avec la pensée religieuse. Puis, sur le plan intellectuel, la période a été caractérisée par une effervescence de nouvelles publications philosophiques au Québec, notamment axées sur la philosophie analytique. Les débats ont porté sur la question de la place de la philosophie dans la culture québécoise, tandis que la recherche académique s’est tournée vers l’histoire de la philosophie au Québec. Ainsi, Claude Panaccio a présenté deux thèses cruciales : la prise en charge institutionnelle par la nouvelle génération et la réflexion sur la rupture entre la culture québécoise et la philosophie.
Dans un second temps, dans son discours, Pierre-Alexandre Fradet plaidait en faveur de l’intégration de la philosophie québécoise dans le programme scolaire. Il expliquait que l’hésitation à inclure la philosophie québécoise dans le programme scolaire trouvait ses racines dans l’enseignement passé, qui nous a laissé penser que notre histoire philosophique se tient mal aux côtés de la philosophie européenne. De plus, le risque de nationalisme identitaire a contribué à ce désintérêt. Cependant, il est crucial de comprendre que la richesse de la philosophie québécoise ne relève pas du narcissisme, mais plutôt de la diversité culturelle. En effet, intégrer cette philosophie n’implique pas de diminuer l’importance des penseurs classiques, mais plutôt d’élargir les champs d’enseignement et de recherche, y compris les contributions autochtones et féminines. L’idée d’un cours dédié à la philosophie québécoise à l’université a été avancée par Fradet, soulignant que ce domaine est loin d’être un désert intellectuel. Au cœur de sa réflexion, il explorait le lien entre la philosophie québécoise et la métaphysique cherchant à établir des similitudes et des différences avec les réalistes. L’objectif est, en fait, de dépasser le nationalisme en maintenant la spécificité de chacun, avec une conscience de la faillibilité humaine, une ouverture à la transcendance divine et une conception théologique. Fradet envisage de faire du Québec un événement métaphysique, soulignant que notre philosophie s’exprime à travers l’enseignement et l’expérience vécue, et non seulement à travers des écrits. Ainsi, selon ses dires, on peut rapprocher notre métaphysique de la tradition grecque. La philosophie au Québec se manifeste non seulement à travers des textes, mais aussi à travers l’oralité et le geste. En somme, le renouvellement de la métaphysique au Québec, selon Fradet, repose sur la reconnaissance de cette diversité d’expression, sans écarter d’autres systèmes.
En conclusion, la conférence à l’UQAM a offert un éclairage approfondi sur la philosophie québécoise, avec Claude Panaccio et Pierre-Alexandre Fradet. L’importance de ce sujet réside dans la reconnaissance et la préservation de la diversité culturelle et intellectuelle québécoise, ainsi que dans la remise en question des préjugés historiques entourant la philosophie locale. En explorant les enjeux de cette intégration, la conférence a ouvert la voie à une réflexion plus profonde sur la façon dont la philosophie québécoise peut enrichir l’éducation.